Aussi j’ai toujours été passionné par la science fiction de mon enfance. Les fusées, les soucoupes volantes, les robots et tout l’esthétisme kitsch des années 60 m’ont toujours fait tripper. Je suis psychotronique et je l’assume pleinement.
C’est pourquoi j’ai eu un grand coup de coeur pour Shanghai quand je suis arrivé ici.
Premièrement, Shanghai c’est la plus grande ville de Chine avec ses 20 millions d’habitants. Je croyais que c’était Pékin mais ils n’arrivent qu’en deuxième position avec leurs (seulement) 17 millions de Chinois. Contrairement à d’autres grandes villes, il n’y a rien d’étouffant à se promener dans ses rues. Shanghai c’est surtout une mégapole en plein développement où poussent comme des champignons des gratte ciel hyper-modernes aux formes futuristes.
| Cette ville a connu la gloire au 19e siècle grâce au marché de l’opium. C’est d’ailleurs ici que se déroule l’histoire de Tintin et le Lotus Bleu. Elle a par contre beaucoup souffert lors de la révolution culturelle chinoise, car jugée trop capitaliste, bourgeoise et dépravée aux yeux de Mao et de ses gardes rouges. |
Shanghai est en plein boom de construction car on veut être prêts à y accueillir l’exposition universelle de 2010 l’an prochain. Malgré ces chantiers omniprésents, Shanghai est belle à voir. Surtout le soir quand s’illuminent ses tours et ses panneaux réclames. En plus d’être la Metropolis qu’imaginaient nos ancêtres, il y a un petit côté Blade Runner dans cette ville que je n’ai encore jamais vu ailleurs (sans la grisaille heureusement).
Bref, j’aime bien cette ville mais de là à dire que j’y habiterais? Pas certain. À cause des Chinois en fait, pas de la ville.
Premièrement, je n’en peux plus d’entendre tous ces raclements de gorge et ces crachats qui atterrissent à mes pieds à toutes les deux minutes. Ce n’est pas seulement une question d’hygiène, c’est bruyant et ça tombe sur les nerfs. Ensuite, les Chinois n’ont aucun respect de l’autre en public. Ils foncent partout comme s’ils étaient seuls au monde et il n’est pas rare de voir quelqu’un se précipiter devant une file d’attente et s’emparer du guichet sans que personne ne proteste. Ça aussi ça m’énarve.
De plus, comme il y a peu d’occidentaux ici et qu’on nous repère de loin, je commence à en avoir ras le bol d’être une proie pour tous ces arnaqueurs de touristes et autres vendeurs de Rolex. Je les vois se diriger vers moi dès qu’ils m'aperçoivent dans la foule. Faut dire que ce n’est pas seulement en Chine car j’ai vécu ça partout en Asie. Ça change un peu d’un pays à l’autre : chauffeurs de teksi en Malaisie, masseuses en Thaïlande, tuk-tuks au Cambodge, etc. Ici ce sont des “étudiants en arts qui veulent pratiquer leur anglais”. Il y en a un à tous les 10 mètres. Ils ne sont étudiants de rien du tout et tout ce qui les intéresse c’est vos yuans. “Hello Sir. Where are you from?” Pus capable après trois mois de ce traitement quotidien dès que je met le pied dans la rue.
Je ne vous ai pas parlé encore de ma pick-pocket? C’est la première fois que ça m’arrive car j’ai l’habitude d’être super prudent dans les endroits touristiques. J’ai senti une drôle de sensation et en mettant la main dans ma poche, je découvre que ma caméra n’était plus là. Du coin de l’oeil j’ai aperçu une petite fille près de moi, à peine 16 ou 17 ans et enceinte jusqu’aux oreilles. Je n’étais pas certain qu’il s’agissait d’elle mais j’ai remarqué qu’il y avait d’autres jeunes filles qui jouaient autour de son sac d'une bizarre de façon. Lorsque je l’ai interpellée lui demandant de me remettre ma caméra, les autres se sont immédiatement dispersées. Elle faisait semblant de ne rien comprendre, me montrant sa bedaine enceinte. J’allais abandonner (de toute façon, j’étais loin d’être certain qu’il s’agissait d’elle, il y avait tellement de monde autour) quand j’ai vu un type en uniforme. Je l’ai alors agrippée par le bras et j’ai pointé le gardien. Ça n’a pas pris une seconde qu’elle a sorti ma caméra de son sac et me l’a remis avant de se sauver. J’ai été vite sur ce coup là car j'ai probablement interrompu le transfert vers une de ses complices lorsqu'elles étaient plusieurs autour de son sac. J'ai surtout été chanceux. C’est d’ailleurs la deuxième fois que je perd ma caméra et la récupère dans ce voyage. Il faudra que je sois plus prudent encore.
Dernier détail agaçant, contrairement aux Asiatiques du sud-est qui ont le mérite de toujours vous sourire, ici ça n’existe pas. Pas plus que les remerciements ou les excuses. Ici la politesse ne fait pas partie des moeurs et consiste plutôt à ne pas faire “perdre la face” à son interlocuteur en le contredisant par exemple.
|
J’ai l’air de me plaindre le ventre plein mais j’adore mon voyage malgré tout. J’y fais plein de belles découvertes et j’y rencontre plein de gens intéressants. Mais de là à y vivre? Non, c’est toujours Montréal qui demeure ma ville préférée même si ce n’est pas la plus belle et que ses hivers y sont insupportables. Surtout pour ses gens et sa vie culturelle.
Parlant de culture, comme je suis abonné au TNM, je viens de manquer la dernière pièce de Robert Lepage et c’est une amie de Sylvie qui en a profité à ma place. Moi qui suis un inconditionnel de tout ce qu’il fait et qui n’a jamais été déçu par les univers qu’il met en scène, c'est dommage que j'aie manqué ça. Le plus étonnant est que, semble-t-il, le personnage du Dragon Bleu s’appelle Pierre, un type qui s’est marié à l’époque pour les prêts et bourses et qui vient d’avoir 50 ans, qui a vécu quelques désillusions dans la vie et qui habite maintenant à… Shanghai. Il paraît que Sylvie et son amie étaient étonnées de découvrir ça en me sachant justement dans cette ville (sans parler des autres coïncidences). Moi et Robert Lepage : même combat.
Je profite donc de ces derniers jours en Chine pour me reposer un peu et planifier la suite de mon itinéraire. La prochaine étape sera Hong Kong où je me rendrai en train samedi et dimanche prochains. Un trajet en couchette molle (car il y a aussi les dures) d’environ 20 heures parmi les Chinois. Ça risque d’être une expérience unique à vivre.
Je vous raconterai ça à mon arrivée à Hong Kong d’où je pourrai d’ailleurs avoir accès à nouveau à mon blogue. J’ai hâte de voir ce qu’il est devenu depuis mon arrivée en Chine.