Ouf!!! Quelle journée j'ai eue hier. Remplie d'émotions fortes, pour ne pas dire extrêmes.
Une des journées les plus intense de ma vie. Rien de moins.
Mais commençons par le début : une petite randonnée à bicyclette.
65 kilomètres de vélos dans les hautes montagnes des Andes. Mais pas sur n'importe quelle route, non... ce serait trop facile : Sur El Camino de la Muerte. The Death Road. La route de la mort.
Hé oui! Celle là.
J'avais déjà entendu parler de cette route car il paraît qu'il s'agit de la route la plus dangereuse au monde. Pas moins de 100 personnes y perdaient la vie à chaque année. Maintenant c'est moins important car ils ont construits une nouvelle route en 2006 et elle n'est plus empruntée que par des vélos et des producteurs de coca locaux.
Pour vous donner une idée de ce que ça pouvait être quand c'était la seule route, voici un power point que ma compagne Sylvie avait déjà reçu et qu'elle m'avait fait voir avant de partir.
D'ailleurs, je n'avais rien dit à Sylvie avant de le faire car à chaque fois qu'on se parlait, elle me disait "Tu n'iras pas sur la route de la mort, non?" et je lui répondais, pour ne pas l'inquiéter, "Bien sûr que non. Penses-tu ! À mon âge ?".
Je l'ai évidemment appelée pour lui raconter mes mésaventures dès que je suis rentré, vous pensez bien.
Donc, cette petite route de terre et de gravier d'à peine 3 à 4 mètres de large est construite à même la montagne. Il y a continuellement des ravins immenses à côté de nous qui peuvent atteindre jusqu'à 600 mètres et ce à presque 90°. Je n'ai pas besoin de vous dire que ça donne la trouille quand on voit ça de près.
De trop près.
La journée débute par une heure de route qui nous fait grimper dans les Andes jusqu'à 4 700 mètres d'altitude. Je ne sais pas si vous imaginez mais 4 700 mètres d'altitude, c'est haut en ta... Et puis il y a de la neige. Et on gèle. C'est donc de là qu'on enfourche les vélos et qu'on commence la descente.
Au début, ça va bien car c'est une route pavée. On peut même s'amuser à faire de la vitesse en contemplant des décors à couper le souffle.
Ensuite ça se complique. On arrive sur la petite route de terre que vous avez vu plus haut. Et ça se met à descendre pas à peu près. Il faut donc faire bien attention à ses freins si on ne veut pas arriver trop vite dans les courbes et faire un plongeon de 600 mètres.
Quelle sensation forte. De l'adrénaline pure. On a l'impression de risquer sa vie à chaque virage. Il y a d'ailleurs beaucoup de crucifix et de plaques pour nous rappeler tous ceux et celles qui sont passé tout droit.
Finalement, après 5 heures de vélo on arrive au bout de la route. À seulement 1 200 mètres d'altitude cette fois. On a enlevé des couches de vêtements 3 fois en cours de route et on est maintenant rendu dans la jungle où il fait 27°.
On a l'impression d'avoir accompli un exploit extraordinaire après avoir vécu ça.
Une bonne douche, un bon repas, une grosse bière bolivienne et on est prêt à repartir bien tranquillement en mini-bus vers La Paz. Mais par la nouvelle route cette fois.
L'histoire pourrait s'arrêter ici mais c'est là que ça se gâte.
Donc, sous une pluie battante, notre chauffeur pressé de rentrer à La Paz roulait beaucoup trop vite et ne dépassait que dans les courbes. Comme tous les autres chauffeurs boliviens faut dire à sa décharge.
Et ce qui devait arriver, arriva.
Bang! Un face à face dans une courbe. Alors qu'on était presque revenu à notre point de départ tout là haut , c'est à dire à 4 700 mètres d'altitude. Heureusement, personne n'a été blessé.
Ça a duré des heures et des heures à s'engueuler en Espagnol. Les cellulaires ne fonctionnaient pas dans ce coin là. La nuit est tombée et on gelait tout rond.
Avant de mourir de froid là, on a décidé de faire du pouce pour rentrer à La Paz. Je peux vous dire qu'il ne passe pas beaucoup de monde dans ce coin là et quand ça arrive, les autos sont pleines à craquer.
3 de mes compagnons ont réussi à arrêter une auto où on leur demandait, bien sûr, 10$US chacun pour les dépanner. Environ une heure plus tard, j'ai réussi à arrêter une minivan qui avait 2 places de libre. On était 4. Il y a donc le Hollandais qui a embarqué avec moi et le couple de Polonais restait seul avec les Boliviens.
Dans notre malchance on a été chanceux de tomber sur de "riches" boliviens, propriétaires d'un hôtel et d'un autre commerce. Trois d'entre eux parlaient très bien anglais en plus, fait plutôt rare en Bolivie. Et ils ne voulaient rien savoir qu'on leur donne de l'argent pour ce service.
Mais ce n'est pas tout...
Aussitôt reparti, voilà qu'il se met à neiger à plein ciel. De très gros flocons et on ne voyait plus la route. C'était devenu très glissant en plus. L'enfer, je vous dit. Heureusement le chauffeur connaissait cette route par coeur puisqu'il est né dans ce coin. Pendant des années, il a fait la route de la mort régulièrement avant que n'ouvre la nouvelle route.
Bref on a réussi à rentrer à La Paz malgré tout, on a retrouvé les 3 premiers et les 2 Polonais ont suivi 30 minutes plus tard. Heureusement.
Le plus drôle, c'est qu'on m'a remis un t-shirt disant que j'ai survécu à la route de la mort. Je devrais rajouter "et à la nouvelle route aussi".
J'aurais dû lire les petits caractères en bas. Probablement que j'ai payé un supplément pour l'option "Death Road : The Full Experience" sans m'en rendre compte. ;)
Ça me fera des souvenirs à raconter à mes petits enfants un jour.
Pour l'instant, direction le Lac Titicaca où je pourrai me remettre de mes émotions fortes.